Le pigeonnier qui voulait être un château

Chapitre 4 : La tuile

Le pigeonnier qui voulait être un château

La tuile

Pour être exact, ce sont des tuiles…qui furent une tuile.

Quand on visite un chantier, on le voit du sol. On essaye de prévoir les désordres qui nous attendent dans les hauteurs. Pour ce pigeonnier, bien des obstacles ont été anticipés mais ce qui est décrit dans ce chapitre est tellement inédit que ça n’avait même pas été ne serait-ce qu’imaginé…

Donc, il y a cette belle et grosse corniche juste en dessous de la toiture/coupole avec ses rosaces et ses moulures. Habituellement au dessus d’une corniche il y a une pente maçonnée appelée « glacis ». Et bien sur notre pigeonnier qui ne fait rien comme les autres il y a des plaques…ou plutôt des tuiles. Des éléments en, je vous le donne dans le mille : béton moulé ! Ces éléments collés sur le dessus de la corniche, les uns contre les autres constituent le fameux glacis (un peu comme une rangée de tuiles sur un toit).

Le tout est dans un état déplorable…envahit de mousses, de terre, de fiente de pigeon. Les plaques (tuiles) se décollent, se soulèvent, certaines ont glissé, la plupart sont devenues poreuses… bref ce système constituant le glacis censé assurer l’étanchéité et l’évacuation des eaux de pluie ne fait plus du tout son boulot. Depuis plusieurs décennies l’eau s’infiltre dans cette corniche massive et provoque des dégâts considérables dans le bâtiment.

Pour couronner le tout, les tuiles ont perdu leur forme d’origine tant elles sont érodées. Ce qui, vu d’en bas, paraissait être un bourrelet abîmé au sommet de la corniche était en fait un joli profil de bout de tuile…totalement dégradé.

Mais que faire avec ces tuiles ?

Toutes les changer ? Ce genre de tuiles en béton à motif façon XIXème ne se trouve pas chez le fournisseur de matériaux du coin. Fabriquer un moule, les couler une à une telle que ce fût fait à l’origine ? Impensable, on en compte 40 !

Alors, elles seront restaurées…

Une plaque est déposée puis étudiée. On réinvente le profil qui la termine : dessin, maquette, moule en silicone… un protocole de restauration et en avant pour 40 tuiles. Plusieurs jours de travail acharné le tout pas prévu : la tuile !

Le résultat quand à lui est au delà de nos espérances : la corniche retrouve son étanchéité et son élégance d’antan. C’est historiquement, esthétiquement et fonctionnellement juste, dans les règles de l’art… s’il y a un dieu du béton moulé : il nous le rendra !